Faire sa place au sein de l’entreprise familiale quand on est le fils du patron n’est pas de tout repos. Frédérik Loiselle en sait quelque chose. Arrivé chez Les constructions Luc Loiselle à 17 ans, il a grimpé les échelons un à un pour devenir, fin 2019, le président de la compagnie fondée par son père.
On peut dire que l’entrepreneuriat fait partie de l’ADN de Frédérik Loiselle, alors que son père, Luc, et son oncle, Daniel, ont tous deux lancé leur propre affaire dans le secteur de la construction. Mais, avant de prendre leur retraite, les deux dirigeants ont décidé d’unir leurs forces en fusionnant leurs entreprises et en confiant les rênes à Frédérik.
« L’entreprise de mon père était plus spécialisée dans le domaine commercial, alors que celle de mon oncle se concentrait plutôt sur des projets d’envergure surtout en agroalimentaire, souligne le président. La fusion a donc permis de réunir ces expertises. » Aujourd’hui, Les constructions Luc Loiselle comptent plus de 30 employés et la PME œuvre dans la construction, l’agrandissement et la rénovation de bâtiments agroalimentaires, industriels, pharmaceutiques et commerciaux. Avec des clients comme Olymel, Exceldor et Kenworth Maska, les activités de la PME se déploient partout au Québec, mais aussi dans d’autres provinces comme l’Ontario ou le Nouveau-Brunswick.
Prendre de l’expérience sur le terrain
En plus d’avoir effectué plusieurs contrats pour son père, Frédérik Loiselle a surtout fait ses classes dans l’entreprise de son oncle, et ce, dès 2006. « Au sein de ces deux organisations, j’ai joué tous les rôles d’abord comme apprenti, puis comme compagnon. J’ai travaillé en tant que contremaître, surintendant, chargé de projet et estimateur; je me suis familiarisé avec tout ce qui touche l’ingénierie du bâtiment. Rapidement, grâce à ses expériences, il est identifié comme la relève de l’entreprise familiale. Dix ans plus tard, Frédérik est promu vice-président de Les constructions Luc Loiselle.
J’ai accepté ce poste un peu naïvement, car j’ai toujours été travaillant et aimé dépasser mes limites. Mais avoir su, je me serais peut-être formé avant, plutôt que d’apprendre de mes erreurs.
- Frédérik Loiselle
En effet, s’occuper des tâches administratives, de la gestion des budgets et des chantiers est un défi. Pour mieux jouer son rôle, Frédérik Loiselle s’inscrit donc à plusieurs parcours de développement des compétences, notamment auprès de l’Association des constructeurs du Québec (ACQ) et de l’École de technologie supérieure (ETS).
Une transition tout en douceur
Si passer le flambeau à la prochaine génération occasionne parfois des tensions entre les fondateurs de l’entreprise et les repreneurs, cette transition s’est déroulée en douceur chez les Loiselle, alors que Frédérik était pressenti de longue date pour prendre la barre de la compagnie familiale. « Cette progression ne s’est pas faite du jour au lendemain, puisque j’ai été vice-président pendant cinq ans, raconte-t-il. Je pense que ça a facilité la transition quand mon oncle, puis mon père ont quitté l’entreprise. »
L’un des ingrédients pour un passage en douceur, selon lui ? Le fait que les discussions avec les fondateurs aient toujours été menées en toute transparence.
C’est certain que nous n’étions pas toujours d’accord, mais c’était important de montrer de l’ouverture au point de vue de l’autre. Au lieu de se braquer quand les avis sont différents, on en parle et on trouve des solutions ensemble.
-Frédérik Loiselle
Se forger une place
Devenu patron à un très jeune âge, d’abord comme contremaître dès la vingtaine, Frédérik Loiselle a dû établir sa crédibilité. Un défi d’autant plus grand dans une PME qui gère des chantiers d’envergure, souligne-t-il. « Pour plusieurs employés et sous-traitants, je reprenais l’entreprise simplement parce que j’étais le fils du fondateur. Je ne dirais pas que j’ai dû faire mes preuves, mais plutôt que j’ai dû faire ma place. » Certaines personnes ont même décidé de quitter le navire à la suite à cette transition, se rappelle-t-il, « ce qui est normal lors d’un changement aussi majeur. »
Pour être à la hauteur de ses fonctions, Frédérik est allé chercher de nouvelles cordes à son arc. « C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me former en ressources humaines pour comprendre comment gérer du personnel et exercer mon leadership, entre autres à l’École d’entrepreneurship de Beauce et à l’Institut de leadership. Plutôt que de m’inscrire dans un parcours de formation continue intensif, j’ai plutôt opté pour des formations à la carte. Ces apprentissages ont réellement fait toute la différence du monde ! »
Autre défi : réussir à donner sa couleur à la PME. « Les clients étaient habitués à travailler avec Daniel ou Luc, mais là, c’était avec moi qu’ils devaient collaborer. Au début, on est toujours dans l’ombre de quelqu’un, mais il ne faut jamais perdre de vue sa personnalité pour bâtir une entreprise à son image. Pour cela, tu ne dois pas devenir la copie du fondateur. Il faut miser sur ses propres forces, sur ses compétences, pour faire avancer les projets et la compagnie. » Encore une fois, la formation l’a beaucoup aidé à faire valoir son savoir-faire, tout comme l’appui de piliers de l’organisation, comme certains surintendants possédant plusieurs décennies d’expérience.
Passer au suivant
Si le père de Frédérik Loiselle a pris sa retraite, sa mère, France Lemay, qui a cofondé l’entreprise y travaille encore à temps partiel. Sa sœur Chloé s’occupe quant à elle de plusieurs volets, entre autres en lien avec la comptabilité et les ressources humaines. Cette dernière accédera d’ailleurs bientôt, avec un autre employé, à l’actionnariat de la compagnie, qui prendra alors le nom de Les constructions Loiselle. « Ils deviendront tous les deux associés avec moi, explique le président. J’ai déjà commencé à les accompagner pour qu’ils puissent mieux comprendre les dossiers administratifs, entre autres. »
La fibre entrepreneuriale est bien présente chez Frédérik puisqu’en parallèle, il a également fondé plusieurs entreprises, dont l’une a été fusionnée à DM Inox et se spécialise dans la soudure, le découpage laser, le pliage de métal en feuilles et l’installation. Une chose est certaine, mener une carrière aussi intense aurait été impossible sans l’appui de son épouse Marie-Pier Benoit, tient-il à souligner. « Nous avons trois enfants âgés de 7, 9 et 11 ans. Si mon épouse n’avait pas accepté de m’épauler dans cette aventure, je n’aurais pas pu réussir aussi bien. Car ce n’est pas un travail comme les autres, c’est un mode de vie. Il ne faut pas compter ses heures et ce serait impossible si on ne formait pas une si bonne équipe. » Une passion qui se transmettra peut-être à la prochaine génération !
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