Déménager en France pour étendre les activités de son entreprise en sol européen? C’est la décision qu’ont pris Hélène Gentès et son mari, Jean-Philippe Gentès. Une aventure tant professionnelle que familiale pour ce couple d’entrepreneurs à la barre de Galenova, une PME spécialisée dans le domaine pharmaceutique.
Comptant 120 employés, Galenova a réussi à se tailler une place de choix dans un marché de niche. « Les pharmaciens doivent parfois préparer des médicaments sur mesure pour leurs patients, ce qu’on appelle des préparations magistrales. Notre entreprise distribue donc tout le matériel nécessaire à ces préparations, que nous pouvons aussi livrer toutes prêtes à nos clients. Autrement dit, nous sommes un peu la pharmacie des pharmaciens », explique Hélène Gentès, vice-présidente au développement international.
Quand son mari Jean-Philippe est devenu propriétaire de l’entreprise avec Bertrand Bolduc, en 2006, les activités de la PME se concentraient surtout au Québec.
« Depuis, nous sommes devenus un joueur important à l’échelle du pays, soutient la vice-présidente, si bien que nous avons atteint une certaine maturité sur le marché canadien. Nous avons pour clients des pharmacies de quartier et d’établissements hospitaliers dans toutes les provinces. La prochaine étape logique était donc de s’implanter à l’international. »
C’est à travers le réseau d’affaires de l’entreprise que l’opportunité d’être accompagné pour étendre ses activités en France s’est dessinée. Une offre qui arrivait à point nommé, estime Hélène Gentès qui désire rester discrète sur la suite des choses. « Si on ne veut pas stagner et être dépassé par la compétition, il faut continuer de développer de nouveaux produits, de nouveaux territoires. C’est primordial pour assurer la stabilité d’une entreprise et ses emplois. On parle toutefois de croissance raisonnée, car dans un domaine comme le nôtre, on ne peut pas doubler la production du jour au lendemain sans compromettre la qualité de nos produits, qui est au cœur de notre métier », explique la pharmacienne de profession qui a complété son parcours d’une maîtrise en administration des affaires (MBA).
Faire le grand saut
Plutôt que de gérer cette expansion à distance, Hélène et Jean-Philippe Gentès ont décidé de déménager au pays de l’Hexagone. « Quand l’opportunité s’est présentée, on s’est dit pourquoi ne pas vivre en France un certain temps ? Ça pourrait être une belle expérience familiale, en plus de nous permettre de garder le cap sur nos objectifs professionnels. » Le couple et leur fille de 11 ans vont donc élire domicile tout près de Marseille. « Pour l’instant, nous sommes en phase de préparation et de transition, si bien que nous allons réellement nous installer en janvier prochain. Disons que c’est une étape importante pour notre famille ! »
Le fait qu’Hélène soit d’origine française a certainement joué dans la balance. « Mes parents, mes frères et mes sœurs vivent là-bas. Dès qu’on avait l’occasion, on allait les visiter. En quelque sorte, on a toujours eu un pied dans chaque pays. C’est donc plus facile pour ma fille de s’adapter, puisqu’elle a des repères. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas triste de quitter ses amis et sa famille du Québec. »
Préparer son départ
Il aurait été difficile – voire impossible – de gérer les opérations quotidiennes de l’entreprise au Québec tout en défrichant le terrain à l’international, pense Hélène Gentès. « Il aurait fallu que je me clone ! » Plutôt que de tout prendre sur leurs épaules, les entrepreneurs pourront ainsi concentrer leurs efforts sur leur implantation en sol français. « Cela nous assure aussi d’avoir une charge de travail raisonnable, de conserver l’équilibre et de concilier plus facilement notre vie familiale et professionnelle », fait-elle valoir.
Pour assurer une transition en douceur, Hélène a confié la direction générale de l’entreprise, poste qu’elle occupait jusqu’à tout récemment, à une gestionnaire expérimentée et de confiance. « Au cours des dernières années, nous avons bâti une équipe de direction qui couvre toutes les sphères de l’organisation, telles que la production, la qualité, l’aspect pharmaceutique, le service à la clientèle et les ventes, les finances ou les ressources humaines, ajoute-t-elle. Notre équipe est solide et polyvalente. Cela nous permet de partir l’esprit en paix. » Pour que ce changement fonctionne, les employés doivent aussi se sentir en confiance avec l’équipe en place, précise-t-elle.
Jusqu’à maintenant, les membres de l’équipe ont très bien réagi à ce changement de garde, affirme-t-elle. « Par contre, certaines personnes qui travaillent avec nous depuis longtemps ont été affectées d’apprendre qu’on s’en allait si loin, même si Marseille n’est qu’à huit heures de vol. Pour nous aussi, c’est un passage douloureux. Cela nous fait un petit pincement au cœur, puisque nous sommes vraiment attachés à notre équipe. Nous avons tissé des liens forts avec eux. »
Même si ce n’est pas parfait, la technologie permettra aussi de garder le contact avec l’équipe du Québec, explique celle qui multiplie déjà les allers-retours en France. « On boucle nos rendez-vous en France le matin. Dès 14 h, le Canada se réveille et nous sommes disponibles pour des rencontres, si c’est nécessaire, détaille Hélène Gentès, en entrevue depuis la France. Et s’il y a des urgences, c’est possible de nous rejoindre jusqu’à 23 h. De plus, c’est certain que nous reviendrons à Saint-Hyacinthe dans les moments importants. »
S’adapter aux différences culturelles
Au point de vue personnel, déménager à l’international apporte aussi son lot de défis. Il faut régler les détails du quotidien, comme l’inscription à l’école, dénicher une nouvelle adresse, s’occuper des formalités, trouver une façon de se déplacer… « Nous ne sommes pas encore installés, si bien que nous vivons dans nos valises. Pour le moment, c’est assez intense. »
S’établir à l’étranger requiert aussi une bonne capacité d’adaptation. En effet, même si Hélène Gentès est née en France, elle a vécu plus longtemps au Québec que dans son pays natal, calcule-t-elle. Si bien qu’elle s’attend à devoir naviguer à travers les différences culturelles. Une expérience qui promet d’être fort enrichissante, pense-t-elle. « C’est très stimulant pour moi, mais aussi pour ma fille, qui va découvrir une nouvelle culture. Cela développe l’ouverture d’esprit. »
« Je pense que pour réussir ce genre de projet, il faut que les conditions soient réunies tant dans l’entreprise que sur le plan personnel. J’ai vraiment l’impression que, dans notre cas, les étoiles sont bien alignées. »
S’il est difficile de prévoir l’avenir, Hélène Gentès espère implanter rapidement une première antenne de Galenova en France. « Si cela fonctionne bien, cela nous ouvrira peut-être les portes de l’Europe. » Et peu importe l’issue, cette expérience s’ajoutera au bagage de chaque membre de la famille.
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