Cofondateur de Therrien Couture Joli-Coeur, l’un des plus importants cabinets d’avocats du Québec, Jean-Luc Couture a toujours eu à cœur de redonner à sa communauté. Près de trois décennies après s’être lancé en affaires, l’avocat se fait maintenant un point d’honneur de transmettre son savoir à la relève. Rencontre.
« Quand je me suis lancé en affaires, jamais je n’aurais pensé que notre cabinet allait prendre une telle ampleur. Nous avons dépassé nos rêves les plus fous. »
Une histoire qui a commencé en 1994, alors que l’avocat fonde son propre cabinet avec Normand Therrien, un collègue. « Je voulais m’installer en région et il m’a invité à me joindre à lui pour lancer notre propre affaire à Saint-Hyacinthe. C’était l’occasion parfaite », se remémore-t-il.
C’est le début d’une longue aventure pour Jean-Luc Couture qui, après être devenu membre du Barreau du Québec, a complété son parcours à la Boston University avec une maîtrise en droit international bancaire. Au fil des fusions-acquisitions, la firme s’est agrandie et son expertise s’est élargie. Aujourd’hui, Therrien Couture Joli-Coeur compte des bureaux dans six villes, soit Saint-Hyacinthe, Brossard, Laval, Montréal, Sherbrooke et Québec.
Classé parmi les dix firmes d’avocats les plus importantes au Québec, le cabinet réunit une équipe de près de 430 employés, composée d’avocats, de notaires, de fiscalistes, d’agents de marques de commerce et de spécialistes en ressources humaines. Pour compléter le tableau, plusieurs filiales se sont ajoutées, que ce soit en technologies juridiques (Edilex), dans le domaine des plates-formes en ligne (OnRègle) ou en droit de l’immigration (Immétis).
Remonter le fil de sa motivation
Or, un cancer de la prostate, puis une récidive en 2019 sont venus assombrir le parcours de Jean-Luc Couture. « Quand ça arrive, c’est certain que tu te poses des questions. Je me suis demandé que veux-tu faire de ta vie? Qu’est-ce qui te donne envie de te lever le matin », témoigne-t-il. Une introspection qui lui a fait réaliser que c’était auprès de la relève qu’il se sentait le plus utile. « Au cours de ma carrière, j’ai eu l’occasion de former plusieurs jeunes qui ont gagné de l’assurance, déployé leurs ailes et pris leur envol. Certains ont fondé leur propre boîte, alors que d’autres sont devenus des piliers chez nous. C’est pour moi une grande source de fierté. »
S’engager auprès de la relève allait donc de soi pour celui qui s’est impliqué dans sa communauté à travers différentes organisations, que ce soit à la présidence de la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe ou au conseil d’administration du Fonds FLI-SOLIDE des Maskoutains. « J’ai réalisé que l’un des défis, c’était que les employés des plus jeunes générations sont plus exigeants par rapport au travail. Ils veulent des patrons qui vont être capables de les coacher, de les aider à apprendre et à se développer. » L’an dernier, Jean-Luc Couture a donc décidé de créer un programme d’accompagnement sur mesure pour aider les nouveaux associés à mieux endosser ce rôle.
Apprendre à devenir un bon patron
« Quand on devient associé, il faut apprendre certaines choses qui vont au-delà du droit, comme de gérer les émotions, de déléguer, de travailler en équipe, de susciter l’engagement et de rendre meilleurs les gens autour de soi », donne-t-il en exemple. Des notions qui ne s’acquièrent pas sur les bancs de l’école, mais qui sont essentielles pour les gestionnaires d’aujourd’hui.
C’est par des séances de coaching individuelles que Jean-Luc Couture enseigne ces concepts à ces associés fraîchement promus patrons. « J’utilise la méthode de coaching par questionnement. Nous discutons ensemble de ce qui va bien ou pas dans leur nouveau rôle. En leur posant des questions, ils constatent par eux-mêmes ce qu’ils pourraient améliorer. Ils trouvent ensuite des réponses et se fixent des objectifs. Certaines problématiques se règlent en deux heures, d’autres en 25 séances. »
Autrement dit, l’avocat ne donne pas les réponses, mais oriente la réflexion de la personne qu’il accompagne. En plus de l’éclairer sur la voie à suivre, cela lui apprend les rouages de cette technique qu’elle pourra utiliser ensuite dans le cadre de ses fonctions, explique-t-il. De cette façon, Jean-Luc Couture accompagne la relève chez les associés, qui à son tour, est mieux équipée pour prendre sous son aile les nouvelles recrues. Cela permet aussi au cofondateur de transmettre les aptitudes qu’il a pu développer au cours de sa carrière, à force d’expérience, de lectures et de travail en collaboration avec les ressources humaines de l’entreprise.
Incubateur de valeurs
Alors que l’an dernier, Jean-Luc Couture a accompagné une douzaine de jeunes associés, il prévoit en former une quinzaine en 2024. « Je pense que la relève est une clé pour la pérennité d’une entreprise. Les jeunes de la génération Z qui se joignent à nous sont extrêmement exigeants et nos associés, qui sont plutôt des millénariaux ou des personnes de la génération X, font le pont avec eux. Je les outille pour qu’ils transmettent nos façons de faire aux plus jeunes. »
À l’aube de la soixantaine, c’est aussi l’occasion pour Jean-Luc Couture de s’assurer que les valeurs qui ont toujours formé l’ADN de Therrien Couture Joli-Coeur, que ce soit l’audace, l’engagement, la pertinence ou la simplicité, continuent de s’incarner dans l’organisation. « Nous avons toujours voulu mettre l’humain au premier plan. Car un bureau d’avocats, ça peut avoir l’air guindé, enfermé dans sa tour d’Ivoire, mais pour nous, c’était important d’être accessibles et simples, dans le sens où on est capables de vulgariser des concepts compliqués pour nos clients. »
Bien sûr, cet engagement auprès de la relève prend aussi d’autres formes dans l’organisation, qui a mis en place plusieurs mesures pour attirer les plus jeunes et fidéliser les travailleurs. Des enjeux qui touchent toutes les entreprises du Québec, avec la pénurie. Ces efforts semblent porter fruit puisque la moyenne d’âge au sein de Therrien Couture Joli-Cœur est de 40 ans. Le cabinet compte aussi sur l’un des taux de roulement les plus bas de l’industrie, fait valoir le cofondateur.
« Ce dont je suis le plus fier, c’est de voir que nous avons réussi à construire un bureau où les gens sont bien. On veut qu’ils développent leur plein potentiel et donnent le meilleur d’eux-mêmes et ce ne sont pas que des paroles. En fait, nous avons le meilleur des deux mondes, avec six bureaux à taille humaine, mais un volume d’affaires digne des grands cabinets. »
De quoi assurer non seulement la stabilité dans ses rangs, mais aussi une relève à l’organisation.
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