Marcela Angarita : Le courage de se réinventer

Colombienne d’origine, Marcela Angarita a tout quitté pour construire une nouvelle vie au Québec et, quelques années plus tard, pour lancer sa propre entreprise. Après six ans à la tête de Keisa Cuisines et salles de bain, la femme d’affaires commence tout juste à ressentir une certaine forme d’équilibre entre obligations professionnelles et personnelles. Une quête essentielle.

Il ne faut pas se leurrer : la vie d’entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille. « Au début, tu es vraiment au top certaines semaines alors que d’autres pas du tout. Et c’est tout à fait normal, puisque le stress pour atteindre la rentabilité est non seulement intense, mais quotidien », explique Marcela Angarita. Il faut donc une bonne dose de courage et d’optimisme pour garder le cap.

Du courage, ce n’est pas ce qui manque à cette entrepreneure, qui n’a jamais eu peur de sauter dans le vide. En 1997, Marcela Angarita est débarquée au Québec pour un voyage en sac à dos et n’est… jamais repartie! « Je ne parlais ni français ni anglais, mais je suis tombée en amour avec le Québec », se souvient-elle. En plus d’apprécier la sécurité qu’on retrouve ici, la vingtenaire perçoit aussi qu’elle pourra aussi se libérer de plusieurs stéréotypes que vivent les femmes en Amérique latine.

Bâtir son entreprise, une étape à la fois

Après avoir cumulé quelques emplois, Marcela Angarita a fait ses classes comme gestionnaire chez un distributeur en plomberie, chauffage et climatisation. Une expérience d’une douzaine d’années lui ayant permis d’acquérir les connaissances nécessaires au  lancement de Keisa Cuisines et salles de bain, en 2019, une boutique spécialisée desservant une large clientèle, allant des designers, aux plombiers, en passant par les entrepreneurs en construction et les consommateurs.

Le plus difficile?  Prendre la difficile décision de quitter un emploi stable et bien payé pour lancer une entreprise sans horaire fixe et sans savoir si on atteindra un jour le même salaire, confie-t-elle. « Il faut vraiment accepter de quitter une position confortable pour celle de l’entrepreneuriat, qui l’est beaucoup moins. » C’est le fait que la seule entreprise du genre de Saint-Hyacinthe était à vendre – sans avoir trouvé de preneur, qui lui a donné l’idée de se lancer. « Après avoir fait une étude du marché, la région de Saint-Hyacinthe s’est démarquée, car elle était l’une des seules villes au Québec qui avait vu une augmentation de 200% de la construction résidentielle en une année », précise la femme d’affaires.

Si Marcela Angarita avait confiance dans ses capacités, celle qui se qualifie d’optimisme a tout de même tenté de limiter les risques, en bâtissant son entreprise sans brûler d’étapes.

«J’aurais pu louer un local beaucoup plus grand, mais, par prudence, je ne l’ai pas fait. Je trouvais que c’était une charge trop lourde à porter, donne-t-elle en exemple. Aujourd’hui, j’aimerais bien avoir plus d’espace, mais on ne peut pas prédire l’avenir! »

Marcela Angarita a aussi dû faire ses preuves dans ce domaine très masculin qu’est la construction. « Encore aujourd’hui, les femmes en construction doivent gagner le respect! » Si bien qu’au quotidien, la femme d’affaires doit faire valoir ses connaissances du domaine et de l’ensemble des produits. « Il faut que je démontre que j’ai toutes les compétences nécessaires pour guider et accompagner mes clients du début et à la fin de leurs travaux. »

L’art de bien s’entourer

Si elle a pu ouvrir sa boutique, c’est que l’entrepreneure avait l’appui de sa famille, notamment de son conjoint et de sa fille, alors âgée de 15 ans. En effet, ce sont les proches qui écopent le plus, lorsque les heures se multiplient au travail. La femme d’affaires les a prévenus qu’elle aurait des choix à faire et de nouvelles contraintes, à cause de ces obligations supplémentaires. « En contrepartie, quand je suis à la maison, je donne vraiment le meilleur de moi-même en tant que mère, que femme. »

La première année, puisque Keisa ne comptait qu’un seul employé, Marcela Angarita travaillait sept jours sur sept. « Le dimanche, quand la boutique était fermée, je m’occupais de l’entretien ménager ou de la comptabilité avec mon conjoint. » À mesure que son équipe et sa clientèle se sont agrandies, l’entrepreneure s’est permis de prendre congé le dimanche.

Les piliers de l’équilibre

Ce qui l’aide à tenir? Le plaisir qu’elle éprouve au boulot. « Si j’avais de la misère à me lever le matin, je ne pourrais pas donner mon 100%. De plus, quand je ferme la porte de la boutique derrière moi, je suis capable de mettre de côté le travail, de faire la coupure. » Elle a aussi décidé de n’ouvrir que le jour, pour préserver ses soirées.

Pour décrocher, elle promène son chien dès son arrivée à maison. « Je suis très proche de ma famille qui vit toujours en Colombie. J’en profite donc pour appeler ma sœur ou l’un des quatre frères. »  De plus, les soupers en famille – cellulaires éteints -, avec sa fille, son conjoint et parfois, les enfants de celui-ci qui sont maintenant adultes, sont sacrés. Une autre façon de rester connectée à cette facette importante de sa vie.

Pour préserver son équilibre mental, Marcela Angarita dévore les ouvrages de psychologie, et de croissance personnelle. « Sur ma table de chevet, je dois avoir une vingtaine de livres empilés, dont plusieurs de l’auteur brésilien Paolo Coelho. Quand cela ne va pas, je m’y replonge. » Ces lectures lui permettent de prendre un pas de recul devant les hauts et les bas qu’elle peut vivre en tant que femmes d’affaires, de relativiser et… de garder le moral.

Vers une meilleure conciliation

Six ans après le lancement de Keisa, la femme d’affaires estime que les conditions sont réunies pour avoir un plus de temps pour elle. Un équilibre qui s’est aussi bâti pas à pas, en parallèle de son entreprise qui compte aujourd’hui cinq employés. « Mon équipe est très impliquée, plus solide et plus expérimentée, si bien que je peux maintenant m’absenter en toute confiance, même si je ne suis jamais loin! »  Pour la première fois cet automne, son horaire s’étale sur cinq jours par semaine, ce qui lui permet de souffler un peu.

Aux jeunes femmes qui aimeraient se lancer en affaires, elle conseille de se tourner vers un mentor. « Être accompagnée par une personne d’expérience permet d’éviter certaines erreurs, de profiter de sa sagesse en quelque sorte, note-t-elle. Et plusieurs organismes comme les Chambres de commerce offrent ce genre de services. » Idem pour les formations, très utiles pour s’outiller et progresser. Et pour préserver l’équilibre, le soutien de ses proches et de son équipe est essentiel, insiste-t-elle.

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